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L'exemple positif du développement du Rwanda pour le Congo-Brazzaville.

Publié le 25 Mai 2014 par NANGHO Evrard

Plusieurs années après le génocide qui l’a décimé, le Rwanda se relève et décide de devenir un acteur incontournable du développement économique de l’Afrique. Grâce à une politique innovante du gouvernement et à quelques investisseurs ambitieux, le pays sort progressivement de la pauvreté.

Le Rwanda a réalisé des progrès spectaculaires en termes de développement depuis le génocide et la guerre civile de 1994. Il entreprend aujourd’hui de consolider ses acquis sur le plan du développement social et de l’accélération de la croissance, en veillant à ce qu’ils soient largement partagés de manière à atténuer les risques d’érosion de la stabilité politique et sociale qu’il a chèrement conquise.

Les objectifs de développement du Rwanda à long terme sont ancrés dans sa « Vision 2020 », dont l’ambition est de transformer une économie à faible revenu fondée sur l’activité agricole en une économie de services basée sur le savoir.

En vue de réaliser ses objectifs de développement à long terme, le gouvernement rwandais a élaboré une stratégie à moyen terme pour la période 2013-2018. La première priorité de cette stratégie de développement économique et de réduction de la pauvreté est d’accélérer la croissance et de réduire la pauvreté à travers quatre axes thématiques : la transformation économique, le développement rural, la productivité et l’emploi des jeunes et, enfin, la promotion d’une gouvernance responsable. La stratégie du Rwanda vise à réaliser les objectifs suivants à l’horizon 2018 : i) porter le PIB à 1 000 dollars par habitant ; ii) ramener le taux de pauvreté à moins de 30 % ; iii) réduire le taux de pauvreté extrême à moins de 9 %. Ces objectifs reposent sur l’hypothèse macroéconomique d’une croissance du PIB de 10 % par an sur la période 2013-2018.

Les efforts du Rwanda semblent désormais payer. Au moins un million de Rwandais sont sortis de la pauvreté en tout juste cinq ans, selon une enquête, réalisée sur les conditions de vie des ménages dans le pays, publiée par le gouvernement plus tôt cette année.

Ils se fondent sur les succès remarquables enregistrés sur le plan du développement au cours de la décennie écoulée, à savoir notamment une forte croissance, une réduction rapide de la pauvreté et, depuis 2005, une réduction des inégalités. Entre 2001 et 2012, le taux de croissance du PIB réel a atteint 8,1 % en moyenne par an. Le taux de pauvreté a baissé de 59 % en 2001 à 45 % en 2011 alors que l'indice de Gini (qui mesure l'inégalité) est passé de 0.52 en 2005 à 0.49 en 2011.

Défis du développement

Le Rwanda a investi dans un important réseau de fibre optique en Afrique, ce qui a notamment attiré le géant mondial de la carte de paiement, Visa. Depuis décembre dernier, la société a construit un partenariat avec le gouvernement rwandais pour aider le pays à effectuer sa transition entre une économie monétaire et une économie numérique plus efficace.

Le maintien de la croissance économique passera, à l’avenir, par l’essor du rôle du secteur privé, qui relève encore largement aujourd’hui du secteur informel. Le mauvais état des infrastructures, de même que le manque d’accès à l’électricité et une capacité de production limitée, constituent des obstacles majeurs à l’investissement privé. Certaines réformes ont été réalisées avec succès dans le but d’améliorer le climat des affaires et de réduire le coût de l’activité économique. Grâce à ces réformes, le Rwanda a été classé dans le peloton de tête des pays réformateurs dans l’édition 2014 du rapportRwanda Doing Business 2014 et figure parmi les dix économies affichant les progrès les plus marqués ; il occupe désormais la deuxième place en Afrique subsaharienne en ce qui concerne la facilité de faire des affaires.

En outre, la réduction de la dépendance du pays vis-à-vis de l’aide extérieure (qui représente
40 % du budget de fonctionnement) par la mobilisation de ressources internes constitue un objectif pri
mordial. Depuis mi-2012, on observe un déclin important de l'aide extérieure. La mise en place de politiques fiscales et monétaires appropriées ont permis d'assurer une croissance forte et stable tout au long de l'année 2012 avec un taux de croissance de 7,3% et une inflation sous la barre des 6%. Cependant, à partir de mi-2013, le pays a commencé à ressentir les effets du déclin de l'aide reçue, le taux de croissance chutant à 4,6%. Au cours des dernières années, le gouvernement a réussi à augmenter le ratio des recettes intérieures par rapport au PIB, mais le niveau de ces recettes est encore largement inférieur à la moyenne régionale.

Critiqué pour sa virulence vis-à-vis de ses opposants et longtemps accusé d'avoir soutenu des mouvements rebelles qui pillent l'est de la RD Congo voisine, son président, Paul Kagamé, est cependant salué pour la gestion saine et rigoureuse de ses finances publiques, de même que pour la qualité du climat des affaires dans le pays. Le premier emprunt obligataire international lancé en avril 2013 par le Rwanda a été sursouscrit... huit fois.


Et ce sont surtout ces secteurs qui attirent les entreprises étrangères. Comme les groupes Rezidor et Marriott, qui sont sur le point d'ouvrir des établissements haut de gamme à Kigali, l'américain Starwood a annoncé son implantation dans le pays d'ici à 2018. La prestigieuse université américaine Carnegie-Mellon va quant à elle y créer son premier campus africain consacré aux TIC.

Autrefois essentiellement agricole (avec des exportations de thé et de café), le pays des Mille Collines se positionne désormais comme une économie de services (52 % du PIB). Avec trois principaux piliers : le tourisme, la finance et les technologies de l'information et de la communication (TIC).

Kigali, la ville est propre, nette et carrée, malgré les rondeurs de ses collines. Les sacs en plastique y sont interdits depuis 2006, comme dans tout le pays. Pas l'ombre d'ordures au sol, hormis deux ou trois bouteilles en plastique, en cherchant bien. Exemplaire, Kigali a été déclarée "meilleure capitale africaine" en 2008 par l'ONU habitat. Elle fait rêver à travers le continent, d'une "autre Afrique". Fonctionnelle, ordonnée, disciplinée.Elle se pose en modèle de développement, avec ses routes bitumées et ses bidonvilles transformés en quartiers salubres. Ici les piétons traversent aux passages cloutés.

Chaque année, on construit de nouveaux bâtiments. La propreté est partout, c'est une question de mindset (état d'esprit). Il n'y a pas d'eau stagnante, on ne jette plus d'ordures. Le Leadership a bien voulu qu'on change ça. Même dans les magasins duty free de l'aéroport, on vous donne des sacs en papier biodégradables. Kigali se distingue, en effet, par ses toits en pente, ses grosses horloges partout dans le centre-ville et son culte de la ponctualité. Les feux rouges, plus modernes qu'à Paris, égrènent les secondes d'attente avant de passer au vert.

Les rues de ses villes sont propres, la sécurité y est assurée, les services publics fonctionnent, la corruption y est rare. On peut être agacé par le pilotage autoritaire de ce pays où l'opposition est jugulée, mais, comme avec la Malaisie sous la férule de Mahathir ou la Côte d'Ivoire cornaquée par Houphouët-Boigny, il faut bien reconnaître que ce despotisme éclairé donne des résultats spectaculaires.

Dans quasiment tous les domaines, Kigali peut prétendre à l'excellence. La capitale a réalisé presque 8 % de croissance annuelle depuis 2005, et même 8,8 % en 2011, année où l'ensemble de l'Afrique subsaharienne a vu son PIB croître de 5 %. Elle s'est hissée à la 45e place en 2012, au lieu de la 150e en 2008, dans le classement « Doing Business » qui évalue 183 pays selon la facilité avec laquelle on peut y faire des affaires.

De 2000 à 2011, le revenu moyen par habitant y a doublé, passant de 227 à 467 euros. Le taux d'inflation (5,7 % en 2011) est nettement inférieur à celui de ses voisins de la Communauté de l'Afrique de l'Est, même si les prix alimentaires ont bondi de 20,5 % de décembre 2010 à décembre 2011. Enfin, avec plus de 56 % defemmes parmi les députés, le Rwanda est politiquement le pays le plus féminisé au monde.

Pas question de remettre un billet au gendarme, qui ne demande rien d'ailleurs. La vitrine rutilante du nouveau Rwanda fait penser à un mini Sandton, le quartier d'affaires de Johannesburg. Le magasin Mr. Price propose les mêmes produits qu'en Afrique du Sud.

En principe, l'Umuganda (opération salubrité tous les derniers samedis du mois de 8h à 12h , la ville est morte. Pas un taxi en vue, seuls les expatriés peuvent prendre le volant et se déplacer sans risquer l'arrestation) doit être suivi par tous les plus de 16 ans à travers le pays, sous peine d'amende de 5000 Francs Rwandaus ( environ 7,50 dollars) en cas d'absence sans motif valable.

Les travaux sont organisés par le plus petit degré de l'Administration au Rwanda: le village-ensemble de dix maisons qui existe même dans la capitale-, avant la cellule, le secteur, le district et les cinq provinces. Les uns débroussaillent, les autres nettoient des canalisations ou font des trous pour recueillir l'eau de pluie. Après les travaux, une réunion se tient entre les résidents du même quartier. Un moment de rencontre, pour parler des problèmes- et surtout, des solutions.

"Au Rwanda, il n'y a pas une culture, mais une religion du résultat", insiste le patron d'une banque locale faisant allusion au fameux "contrat de performance". Une politique inspirée elle aussi d'une tradition ancestrale, l'imihigo.

Chaque début d'année, les dirigeants de toutes les institutions à tous les niveaux s'engagent devant le chef de l'État, la population et aussi les uns vis-à-vis des autres à fournir un certain nombre de résultats dans le cadre des programmes de développement.

"Dans chaque district, le nombre de kilomètres de route à construire, d'hectares de plantations à développer ou d'enfants à scolariser - par exemple - sont clairement définis.

Cet ensemble d'indicateurs forme alors la base du contrat de performance que le leader du district va signer avec le président et, donc, avec tout le pays."

D'après le responsable Afrique d'une organisation internationale de développement, "ce système entraîne une pression énorme sur les fonctionnaires, comme on peut le voir dans le monde de l'entreprise, mais il a un avantage : il génère une forme de comptabilité. Or il faut rendre des comptes en fin d'exercice et expliquer pourquoi certains objectifs n'ont pas été atteints..."

Autre atout, selon Eric Kacou, fondateur et directeur général du cabinet de conseil ESPartners : "Ce système contraint à la transparence sur la manière dont les ressources consacrées aux différents programmes ont été utilisées. De même qu'il suscite une certaine intolérance vis-à-vis de la corruption." Voilà de quoi méditer...

"Aucun État au monde n’utilise son argent aussi efficacement que le Rwanda". Alors, quelles sont les recettes de Kigali pour attirer les investisseurs privés après le retrait de plusieurs bailleurs ?

Depuis son arrivée au ministère des Finances, en février, Claver Gatete a dû gérer des dossiers pour le moins délicats : la suspension de l’aide internationale à la suite des accusations d’ingérence en RD Congo voisine ; puis la toute première émission obligataire sur les marchés internationaux, en avril. L’opération a été couronnée de succès et Kigali y a vu une alternative aux bailleurs de fonds.

Souvent cité en exemple en Afrique pour ses réformes économiques, le Rwanda voit son PIB croître de plus de 7 % par an depuis près d’une décennie.

Voilà un exemple que le Congo-Brazzaville peut s'inspirer pour son développement. Tout est question de volonté politique et des hommes qui sont en responsabilité dans notre pays.

L'exemple positif du développement du Rwanda pour le Congo-Brazzaville.
L'exemple positif du développement du Rwanda pour le Congo-Brazzaville.
http://francais.doingbusiness.org/data/exploreeconomies/rwanda/ http://www.statistiques-mondiales.com/rwanda.htm http://francais.doingbusiness.org/data/exploreeconomies/congo-rep/
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